L'avenir de la politique spatiale française
Après le lancement de Mars Express en juin dernier, l'Agence Spatiale Européenne (ESA) confirme sa stratégie interplanétaire. En effet, SMART-1 est le premier satellite européen à utiliser la propulsion hélio-éléctrique et à partir à la conquête de la Lune. Dans le même temps, le Gouvernement Raffarin décide, après des baisses successives ces dernières années, d'augmenter enfin les moyens alloués à la recherche française et donc à la recherche spatiale dans le budget 2004 A quoi sert une politique spatiale ? |
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Les systèmes spatiaux
favorisent : |
La politique spatiale s'observe à
travers quatre axes : _ Les lanceurs Toutes les grandes puissances spatiales disposent en effet d'une capacité autonome d'accès à l'espace et poursuivent leurs efforts dans ce domaine. L'Europe y a acquis une position privilégiée qu'il est indispensable de préserver ( Ariane 5 ). Elle dispose avec le Centre spatial guyanais français, d'une des bases de lancement les plus performantes du monde, par son site privilégié et par la qualité de ses installations et de ses équipes, où on retrouve un partenariat exemplaire entre l'ESA ( Agence spatiale Européenne ), le CNES, Arianespace et toute l'industrie européenne. _ La science Le spatial touche le domaine de la Science, matrice du progrès des connaissances et moteur de l'innovation technologique. _ La société Le développement des applications de l'espace au service de la société est important. Le programme Galileo permettra à l'Europe de disposer d'une capacité autonome de guidage et de positionnement par satellites sans être dépendante des Etats-Unis, qui préparent la 2ème génération du système GPS. De plus, l'observation de la terre permet de mieux comprendre l'environnement et ainsi de mieux préparer sa protection. On le sait les questions environnementales prendront de plus en plus d'importance dans les années à venir et la question de la gestion des ressources naturelles (les satellites sont utilisés pour découvrir de nouveaux gisements minéraux ou pétroliers) représentera à terme un enjeu majeur du " développement durable ". La connaissance de l'environnement est essentielle. _ Le Développement des technologies.
Simplement deux exemples : les progrès récents en matière de détection des cancers et les nouveaux traitements en cardiopathie. Les progrès en technologie spatiale peuvent également être adaptés à d'autres fins. Un exemple étant les textiles ignifuges utilisés pour les vêtements de protection, qui constituent le résultat de recherches destinées à protéger les circuits électriques des fusées. La politique spatiale permet de renforcer l'industrie, de promouvoir le développement industriel, d'assister l'agriculture. La télédétection fournit des informations pour les systèmes d'information géographique (GIS). Elle est utilisée pour améliorer la culture des sols et élaborer des statistiques agricoles, à la fois au niveau européen et national. Elle améliore les communications Le dernier, mais non des moindres,
l'ESA permet de maintenir l'Europe parmi les puissances qui participent
à l'une des aventures les plus passionnantes du 21ème siècle
- l'exploration spatiale. Le rôle de la "France spatiale" Depuis 1962 , la France est un acteur
important de l'activité spatiale et a créé le Centre
National d'Etudes Spatiales : CNES. Devenue la troisième puissance
spatiale historique, dès 1965 en lançant son premier satellite,
Astérix, grâce à la fusée française
DIAMANT, la France, au travers notamment de nombreuses coopérations
dans le monde, et particulièrement avec ses voisins européens,
a participé aux différents enjeux stratégiques européens
au niveau scientifiques, technologiques, industrielles et commerciaux. On notera en effet que les grands
industriels spatiaux : Astrium, Alcatel Space, EADS, bien qu'ils aient
la dimension européenne, sont centrés sur la France ; c'est
une conséquence de la position de leader de notre pays qui lui
confère des responsabilités particulières, au moins
au niveau de l'Europe. On notera la faiblesse de la part
export (6 %) de l'industrie américaine, inférieure en pourcentage
et en valeur à celle de l'industrie française. La France
a une politique spatiale centrée sur le marché commercial
de l'export. Elle représente, en valeur 0.77 contre 0.44 pour les
Etats-Unis. Pour la totalité du marché commercial spatial,
la France représente à elle seule, 1.27% contre 7.70% pour
l'industrie américaine. La totalité des pays européens
ne représente que 2.62%. On comprend que la France a un rôle
prédominant dans la politique spatiale européenne. De plus, la base spatiale de Kourou
possède un budget qui approche les 2,4 milliards de francs par
an, financés en partie par le CNES et Arianespace. Le montant des
investissements demandés aux Etats membres ( hors France ) couvre
les 2/3 des coûts fixes, le tiers restant étant financé
par la France. Les actionnaires d'Arianespace sont représentatifs
de la capacité, technique, financière et politique des douze
pays européens participant au programme Ariane. Le classement de
la participation à Arianespace est : France : 57.06% Tous les autres Etats restent en dessous
de la barre des 2.50% de participation. Toutefois, la position privilégiée
de la France dans l'espace est incertaine pour l'avenir pour plusieurs
raisons. Tout d'abord, les Etats-Unis cherchent à améliorer
leurs positions dans le marché des lanceurs ( fusée Delta
) pour concurrencer Ariane 5. Puis, de nouvelles puissances spatiales
semblent apparaître et particulièrement la Chine mais aussi,
le Brésil. Pour garder sa puissance, l'Europe
est sans doute le bon moyen pour que la politique spatiale de la France
est un avenir. L'avenir de la politique spatiale française dans l'Europe Ariane, tout comme Airbus,
illustre la capacité de l'Europe à se situer au meilleur
niveau dans la compétition mondiale quand elle unit ses efforts.
Il s'agit donc de maintenir et d'élargir cette réussite.
Il convient pour cela de ne pas réduire les moyens dont elle dispose
et notamment le financement du programme scientifique obligatoire européen. Les 15 Etats membres
de l'ESA sont l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la France,
l'Allemagne, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège, le
Portugal, l'Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni. Le
Canada possède un statut spécial et participe à certains
projets au titre d'un accord de coopération. Le siège de
L'ESA se trouve à Paris. Les implications économiques
des activités spatiales ne peuvent être ignorées.
Selon le Département de la Défense américain, plus
de 2000 satellites survoleront la Terre en 2010 contre 600 aujourd'hui.
D'ici là, les investissements américains en la matière
avoisineront les 500 milliards de dollars. On estime par ailleurs que
l'industrie spatiale européenne et ses activités associées
pourraient, à la même date, représenter environ 10
% du PIB européen. Les fonds consacrés par l'Europe à
la recherche et au développement spatial sont néanmoins
six fois moins importants qu'aux États-Unis où la NASA et
le Département de la Défense sont les principaux bailleurs
de fonds. Le Livre vert sur la politique spatiale européenne, adopté par la Commission européenne le 21 janvier 2003, est un document stratégique, préparé en coopération avec l'Agence spatiale européenne, qui consacre l'émergence d'une ère nouvelle pour l'Europe spatiale. Son but a été d'ouvrir un large débat sur l'avenir à moyen et long terme des utilisations de l'espace au profit de l'Europe. Les objectifs sont : _ améliorer le cadre institutionnel
de la politique spatiale, en créant par exemple un Conseil européen
des ministres de l'espace ; En octobre 2003, la Commission devrait
publier son Livre blanc sur la politique spatiale européenne, avant
de le soumettre au Conseil et au Parlement européen. Ce Livre blanc
comprendra un plan d'action définissant la future stratégie
de l'Union européenne en matière d'activités spatiales.
Il tiendra compte des contributions reçues et inclura des propositions
sur le contenu, l'organisation et le niveau de ces futures activités
spatiales européennes. Dans ces propositions, la France aura un
poids important puisque qu'elle est la première contribution financière
largement devant les autres. L'idée que la politique spatiale
française et la politique spatiale européenne forment un
tout est essentiel. Cela ne signifie pas que ces deux éléments
se confondent mais que leur cohérence doit être assurée.
Cette cohérence est un aspect essentiel de la politique spatiale
française dans toute la mesure où les principaux objectifs
que s'assigne notre pays n'ont de sens et ne sont accessibles qu'au niveau
de l'Europe. Cependant, on doit être attentif au fait qu'une prépondérance excessive, ou un quasi-monopole, comme celui qui s'est établi dans le domaine des lanceurs peut avoir des effets adverses sur la solidarité et sur l'ambition européenne. Alternativement, une grande attention doit être portée aux ambitions de nos partenaires européens parce qu'elles sont un fondement essentiel de l'unité de vue de l'Europe. La volonté d'autonomie de l'Europe a été présente dans beaucoup des grands programmes qui ont jalonné la construction de l'Europe spatiale : symphonie, OTS (Orbital Test Satellite) et les ECS (European Communication Satellite), Marecs (Maritime ECS), Meteosat, Spot, Helios, Ariane, et demain Galileo. Mais son rôle de principe unificateur n'est pas explicitement reconnu avec autant de clarté qu'il conviendrait. L'Europe doit éviter d'agir dans différentes directions sans une politique stratégique claire, ayant un projet ambitieux pour la puissance européenne. Dans cette vision globale, c'est la place de l'Europe dans le monde, la préservation de son image politique, de ses intérêts économiques et commerciaux, de sa défense, de sa personnalité culturelle, qui sont en cause. Elles exigent la maîtrise de l'évolution technique qui engendre le phénomène de la mondialisation. Ce sont les techniques de l'information qui dominent cette évolution et, au premier rang de celles-ci, dans la dimension internationale, les techniques spatiales. Accepter que leur disponibilité dépende d'une source extérieure, c'est accepter une dépendance qui ne peut que croître de façon incontrôlable et imprévisible ; c'est donc, en définitive, accepter une infériorité que l'on observe déjà ici et là dans le monde. Les pays européens sont inégalement préparés, par leur passé, à reconnaître la nécessité d'une autonomie stratégique de l'ensemble européen. La dimension symbolique qui matérialisent
les vols habités, génératrice d'enthousiasme dans
la jeunesse, créatrice de vocation, expression de l'esprit d'aventure
ne peut être ignorée. Exclure cette composante de la conception
d'une politique spatiale, ce serait en amoindrir l'image dans l'opinion.
Dans cette démarche, un lancement
Ariane 5 est prévu pour la fin novembre 2003. Mais la prochaine
grande mission européenne et donc française sera en février
2004 avec le lancement de Rosetta vers la comète Churyumov-Gerasimenko.
Cet événement confirmera la volonté de l'Europe de
marquer son indépendance et sa capacité spatiale face au
géant américain. Demesmaeker Tony |