La conception de l'Histoire dans les sociétés humaines

L'histoire est une fonction importante pour une société. Elle est un moyen parmi tant d'autres pour définir les systèmes de valeurs qui doivent former le corps social. Aujourd'hui, c'est cette fonction qui pose problèmes aux modernes. Quel histoire doit être enseigner aux enfants ? L'histoire a t-elle un sens ?

Cette dernière a, dans la vision commune, la mission de faire découvrir le passé, de faire comprendre le présent et d'apréhender le futur. Or, cette mission de l'histoire a été constante depuis les sociétés holistiques jusqu'à nos sociétés modernes mais dans un contenu qui s'est différencié selon les époques.

Avant les monothéismes que l'on connaît actuellement ( chrétienté, islam, judaisme etc ), le temps était vu sous la forme d'un cercle. L'histoire était considérée comme une sucession de cycles.

Avec les nouvelles religions qui mettent fin progressivement au polythéisme, le temps devient une ligne. Dans les sociétés occidentales, cette vision de l'histoire est le providentialisme chrétien. Cela se traduit, par exemple, dans la Bible, représentation de l'histoire selon la chrétienté, où le livre contient un début ( la génése ) et une fin ( l'apocalypse ). La fin de la ligne du temps ne mets pas fin à l'histoire mais elle ouvre une nouvelle phase, une nouvelle histoire. Dans le cas de la chrétienté, cette nouvelle phase s'ouvre dans un monde intemporelle où la cité temporelle a rejoint la cité céleste.

Cette conception de l'histoire va perdurer tant que la religion tient une place omniprésente dans le politique. Jusqu'au 17ème siècle, cette théologie de l'histoire estime qu' il existe une logique entre les événements, une logique provenant d'une volonté divine. Il n'y a pas de hasard dans les événements. On peut encore voir cette logique dans certaines sociétés actuelles, notamment, celle touchées par les récents raz de marées en Asie du sud-est. Pour certain, c'est Dieu ( Allah pour ces sociétés musulmanes )qui aurait provoqué cette catastrophe naturelle. Dans les sociétés occidentales, il reste encore des vestiges de cette logique de l'histoire comme,notamment, la croyance au destin.

Pour autant, au 17ème siècle, la providence chrétienne subit une laicisation. Ce qui organise l'histoire n'est plus la volonté divine mais la raison humaine. L'affirmation de la raison humaine face à la foi se manifeste par une plus grande prise en compte des différences, des moeurs des différentes cultures du monde et d'une valorisation de l'individu. Le constat, à cette époque, de la diversité des cultures humaines apparaît comme l'argument pour prouver que Dieu n'intervient pas dans l'histoire et laisse l'homme, libre de gérer son monde. D'ailleurs, c'est à cette époque que le mot " civilisation " apparaît pour la première fois.

Au 19ème siècle, on assiste à une divinisation de l'histoire (dans le même temps que la sacralisation de l'homme et de la loi) puisque l'homme est valorisé, son l'histoire l'est aussi. On rentre dans la modernité. Deux conceptions naissent : celle provenant du marxisme et celle provenant d'Hegel.

Pour Marx, l'histoire est construite par l'homme à travers ses actes. En transformant le monde, il se transforme par voie de conséquence. L'histoire est une volonté collective. Le progrés est irréversible par étape antagoniste. En effet, comme dans sa vision de l'économie ou du politique, le moteur de l'histoire se construit autour des structures économiques et des rapports de classes. La fin de l'histoire est la disparition des classes par la révolution prolétarienne.
Dans l'entre deux guerres, quelques philosophes vont emettrent l'idée que l'histoire n'a aucun sens. L'idée de progrés, développée par Marx et aussi les libéraux ( dans une autre logique ), pert de sa divinisation, sans doute sous l'influence des conséquences de la 1er Guerre Mondiale. Pour eux, l'histoire est discontinue. Comme les organismes vivants, les civilisations naissent, obtiennent une maturité ( un état maximal ) et une mort. C'est la première idée de décadence dans l'histoire qui revient en force actuellement comme dans l'exemple très à la mode du déclin français.

En réalité, on pose mal la question : l'objectif est de savoir si l'histoire sert à quelque chose. Est-ce une science ? Non, elle n'est que l'analyse d'une sucession de faits interprétés. L'historien, au départ, a pour fonction de donner la leçon, c'est à dire d'informer le Prince ( les analystes en Chine ) afin que ce dernier puisse trouver la décision politique la plus appropriée pour protéger son pouvoir et garder la société en un tout. C'est pourquoi, tous les régimes totalitaires ont reconstruit leur histoire afin de revaloriser leur action. Les démocraties utilisent aussi cette manipulation de l'histoire, finalement inévitable, pour justifier leur légitimités. Par exemple, la 3ème République sacralise la Révolution française qui est pourtant un événement, déjà, lointain pour l'époque. Cela se traduit par la création de la fête nationale, le 14 juillet.

Ainsi à travers la façon d'étudier l'histoire, on peut comprendre le fonctionnement d'une société. L'idée de décadence qui prédomine dans l'histoire, actuellement, montre que la socièté occidentale et particulièrement la France est une société de doute qui n'a pas forcément raison d'être.
Depuis 15 ans, on a assisté à deux nouvelles conceptions de l'histoire : la fin de l'histoire, concept déjà inventé par Hegel, et le choc des civilisations.

Est ce que l'on vit la fin de l'histoire ? En 1989, Fukuyama reprend l'idée d'Hegel et la réactualise. En effet, Hegel estimait que l'histoire est un processus par antagonismes successifs qui finissent par trouver une solution. Pour son époque, il considérait que la Révolution française était cette solution qui donnait la victoire aux idées de la raison. Notamment, il prenait l'exemple de la bataille d'Iéna où Napoléon ( symbole de l'expansion des idées de la Révolution ) mis un terme définitif à la vision de l'histoire des sociétés traditionnelles.

Pour Fukuyama, la fin de l'histoire, c'est la fin du conflit entre l'URSS et les USA. Avec la disparition de l'URSS, les idéologies ( qui se polarisées sur l'un des deux pays, en l'occurrence le communisme et le libéralisme) qui tenteraient de se substituer au communisme soviétique, n'auraient plus de légitimité face à la victoire écrasante du libéralisme. Pour Fukuyama, cette idéologie n'aurait plus d'ennemis. Le concept de Fukuyama trouve sur le terrain économique un argument de poids puisque l'idéologie de consommation continue de s'étendre ( exemple : la Chine pourtant de régime communiste ).
Aujourd'hui, il coexisterait deux systèmes : celui de la démocratie libérale avec la fin de son histoire et les autres sociétés qui progressivement entreront dans le premier système.

Cette thèse n'est pas acceptée. Elle aurait une vision fixiste et déterministe.Il existe des substitus d'ennemis comme par exemple les mentalités religieuses qui s'opposent à une laicisation du pouvoir politique, proné par le libéralisme. Et qu'est ce qui empecherait un retour du communisme. Il ne faut pas oublier que la démocratie n'est pas un régime fixe et qu'il peut être facilement renverser. Les dictatures de l'entre deux-guerres l'ont prouvées.

Pour d'autres, l'histoire se résumerait à un choc des civilisations. Le sentiment d'appartenance à une civilisation crée automatiquement le conflit. Il existerait une civilisation occidentale, hindouiste, japonaise, musulmane etc… Toutefois, on constate que la délimitation de civilisations reste difficile et que le religieux est le critère qui permet de différencié les civilisations. Cependant, il y a un problème de cohérence dans cette théorie. La civilisation occidentale ne peut etre délimitée par le critère religieux. De plus, au sein de la présupposé civilisation occidentale, on constate de fortes différenciations entre certaines zones géographiques. Le livre de Brechon s'intitulant : " Les valeurs des français " démontre que, même au niveau français il existe des différences.
Contrairement à Fukuyama, les idéologies ne sont pas mortes, aujourd'hui. Ils en existent de trois sortes :

_ les idéologies des droits de l'homisme
_ les idéologies de l'écologisme
_ les idéologies de l'économisme

Ces trois idéologies sont issues du monde occidentale. Elles existent mais la modernité semblent empêcher leur developpement. L'idéologie demande un " combat ", un effort collectif pour le long terme et cette vision de la vie humaine ne correspond plus aux idéaux de l'individualisme, de la société hédoniste, à la recherche du plaisir individuel de l'instant présent.

Cette évolution montre qu'une nouvelle conception de l'histoire s'est déclenché. Chaque individu souhaite refaire l'histoire de son point de vue et cela se reproduit dans la littérature où l'on constate une recrudescence des livres autobiographiques. Le libéralisme, apparent vainqueur de toutes les idéologies, ne semble pas à l'abri et rejoindrai l'idée que Marx se faisait sur son inévitable essouflement par lui même…

Demesmaeker Tony