Pierre Mendés France

1907-1982

Pierre Mendès France naît à Paris, le 11 janvier 1907. Modèle de l'élitisme républicain, il obtient son bachot à quinze ans et publie son premier article dans l'Université de Paris. Tenté par l'enseignement, il opte néanmoins pour le barreau ; il entre à la faculté de droit et à l'Ecole libre des sciences politiques (« Sciences Po »).

Séduit par Edouard Herriot, PMF adhère au Parti radical et milite à la LAURS (Ligue d'action républicaine et socialiste) qui vient d'être créée et fait le coup de poing contre les Camelots du roi de l'Action française. Secrétaire général de la section parisienne de la LAURS, puis à l'échelon national l'année suivante, il s'inscrit comme avocat stagiaire au barreau de Paris, et devient le plus jeune avocat de France.

Au Parti radical, il est dans le groupe des Jeunes Turcs, avec Jean Zay, Pierre Cot, Jacques Kayser. Son deuxième livre, La banque internationale. Contribution à l'étude du problème des Etats-Unis d'Europe, reçoit un accueil chaleureux. Contre toute attente, car il s'agit d'une des circonscriptions les plus conservatrices de France, PMF est élu député de l'Eure ; il est le plus jeune député de France ; au congrès du Parti radical, à Toulouse, il prononce un réquisitoire contre la politique économique des radicaux, au nom des Jeunes Turcs.

Son premier grand discours économique à la Chambre des députés lui vaut l'approbation publique de Léon Blum. Réélu député de l'Eure, il est le seul à voter contre la participation de la France aux Jeux olympiques organisés par les nazis à Berlin ; il soutient le Front populaire, malgré son désaccord sur sa politique monétaire et sur la non intervention dans la guerre d'Espagne.

Devenu le plus jeune sous-secrétaire d'Etat au Trésor, en 1938, dans le deuxième gouvernement Blum du Front populaire, il élabore, avec Georges Boris, le premier plan de développement économique proposé au Parlement, mais le gouvernement est renversé trop vite pour qu'il soit appliqué. En 1939, Lieutenant de réserve, alors que son mandat de député lui permettrait d'obtenir un poste sans risque, il est nommé dans l'aviation au Levant ; mais il souhaite se battre et réclame une affectation au front.

En permission à Paris pendant la débâcle, il demande à participer au combat, en vain ; suivant son unité au Maroc, il embarque sur le Massilia, pour être arrêté à Casablanca et incarcéré à Clermont-Ferrand sous l'inculpation de désertion par le régime de Vichy, qui cherche des boucs émissaires
En 1941, bien que tous ses chefs aient témoigné en sa faveur, PMF est condamné à six ans de prison lors d'un procès inique ; il s'évade de la prison de Clermont-Ferrand pour « défendre son honneur », comme il l'écrit à Pétain
Après quelques mois de clandestinité passés à la recherche d'un moyen d'aller à Londres, il y rejoint de Gaulle. Il élabore le plan de redressement de l'économie française
En 1944, il devient Ministre de l'Economie nationale du Gouvernement provisoire, il préconise des mesures drastiques, qui l'opposent à la politique plus facile prônée par René Pleven. En 1945, De Gaulle ayant tranché en faveur de la facilité, PMF démissionne du Gouvernement provisoire au nom de la rigueur. En 1946 il est nommé executive director pour la France de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) — poste qu'il occupe jusqu'en 1947 —, gouverneur pour la France du Fonds Monétaire International — jusqu'en 1959.

En 1950, il fait ses premières interventions au Parlement contre la guerre d'Indochine. En 1952, il défend devant le tribunal militaire de Tunis plusieurs militants de l'indépendance tunisienne. En 1953, La Chambre refuse de peu l'investiture à PMF comme président du Conseil.
En 1954, son Gouvernement dure sept mois et dix-sept jours. En 1956, Ministre d'Etat du gouvernement Guy Mollet, il en démissionne à cause de la politique menée en Algérie. En 1957, il démissionne de la direction du Parti radical.

Le démocrate légaliste qu'il est ne pouvant pas accepter les conditions dans lesquelles de Gaulle prend le pouvoir, il va faire preuve d'une opposition sans faille jusqu'au bout. En 1962, il publie La République moderne, prend position contre l'élection du président de la République au suffrage universel. PMF accorde son soutien à François Mitterrand contre de Gaulle lors des élections présidentielles.

PMF participe au mouvement de mai 68, en particulier en se rendant au stade Charléty. En 1974, il soutient François Mitterrand lors des élections présidentielles. PMF va consacrer la fin de sa vie à la recherche de la paix au Proche-Orient ; il organise des conversations secrètes entre progressistes israéliens et palestiniens, à la demande des deux parties.

En 1981, PMF soutient François Mitterrand lors des élections présidentielles
Le 18 octobre 1982, il s'éteint à sa table de travail ; la France lui rend hommage par des funérailles nationales.

Demesmaeker Tony