Les Francs-Maçons

La plupart des récents scandales de la République ont impliqué, à des degrés divers, des francs-maçons. Peut-on encore parler de manquements individuels ? N'est-il pas temps de se demander, comme le font de plus en plus de frères et de soeurs sincères, comment de telles dérives ont été possibles ?

C'est une histoire qui a déjà fait tomber l'ancien secrétaire général adjoint de la mairie, un agent du Trésor, le vice-président de la cour d'appel de Douai et le patron du SRPJ de la métropole du Nord. Au centre, Roger Dupré, 58 ans, membre assidu du Grand Orient de France (GO). Compromis avec lui, Bernard Flotin, numéro deux de l'administration municipale, écroué par le juge Charles Pinarel, qui instruit les dossiers immobiliers. Ce frère fréquentait assidûment Roger Dupré, son bar, où se côtoyaient notables et truands, et participait aux parties de chasse que ce dernier organise à Sainghin-en-Weppes. Il est accusé d'avoir touché quelques centaines de milliers de francs pour débloquer des dossiers. Egalement compromis, Alain Gravelines, agent du Trésor à Lille, écroué pour escroquerie. Ce franc-maçon arrangeait les affaires fiscales de la petite bande.

Et encore : Benoît Wargniez, ancien doyen des juges d'instruction de Lille - où il resta en poste plus de vingt ans - avant d'être promu, en 1996, conseiller à la cour d'appel de Douai. Lui aussi franc-maçon, il est devenu l'ami de Roger Dupré après l'avoir inculpé, il y a vingt-cinq ans, pour une histoire de détournement de matériel de chantier. Le magistrat a reçu des chèques - pour 120 000 francs - et a bénéficié d'un appartement à Courchevel. Ce qui lui vaudra d'être suspendu par le Conseil supérieur de la Magistrature et écroué deux mois à la prison de la Santé pour " corruption et trafic d'influence " dans le cadre d'une instruction menée par le juge parisien Jean-Pierre Valat, qui a entendu un à un les hauts magistrats de Lille et de Douai.

Le juge Valat a pu mesurer à cette occasion à quel point les maçons avaient infiltré les milieux immobiliers, judiciaires et policiers de la région. Car la police, elle aussi, est atteinte : Roger Dupré a bénéficié de fuites. La police des polices a entendu, dans ce cadre, Lucien Aimé Blanc, ancien patron du SRPJ de Lille, membre de la Grande Loge Nationale de France (GLNF). Dans le collimateur également : son successeur, Claude Brillault, lui aussi maçon, un moment accusé au sein de son propre service d'être intervenu en faveur d'un entrepreneur ami de Roger Dupré.

C'est par miracle que cette procédure a pu avancer, tant ont été nombreuses les mutations-sanctions des magistrats et policiers qui se sont intéressés de trop près à ces affaires. Alain Lallemand, le procureur adjoint qui avait dénoncé en pleine audience correctionnelle " un certain immobilier lillois où le truand côtoie le fonctionnaire, l'entrepreneur, le policier, voire le magistrat ", a ainsi été muté aux affaires civiles.

Mais à Lille comme ailleurs, les langues commencent à se délier, depuis que le procureur Eric de Montgolfier a dénoncé, dans " le Nouvel Observateur ", l'existence d'une maçonnerie d'affaires susceptible de nuire, par son influence, au bon fonctionnement de la justice sur la Côte d'Azur.

En cause, entre autres, la protection dont a bénéficié Michel Mouillot, ancien maire de Cannes, mis en examen et écroué en 1996. Au coeur du système mafieux, la loge des Fils de la Vallée de la GLNF, où se côtoyaient Mouillot, Jean-Paul Renard, doyen des juges d'instruction de Nice, ainsi qu'une belle brochette d'affairistes corrupteurs, de magistrats et de policiers influents. Et influençables. Autre énorme scandale maçon, dans le Var : celui des militaires ripoux de l'arsenal de Toulon, qui touchaient des pots-de-vin sur leurs achats et ont bénéficié d'incroyables protections judiciaires et hiérarchiques. La chronique s'enrichit tous les jours. La GLNF vient ainsi de suspendre Guy Kornfeld, " membre du collège national " et " adjoint au directeur des cérémonies ". Il avait été interpellé et inculpé à Monaco pour avoir remis à la banque Edmond de Rothschild, moyennant commission, 3,6 millions de francs de bons au porteur provenant d'un vol en Belgique.

Impossible d'occulter ce fait : depuis les affaires Luchaire, Pechiney et Société générale, il y a douze ans, jusqu'à l'affaire Elf, celle de la Mnef, des paillotes corses, des fausses factures du RPR, du Carrefour du Développement, du Crédit lyonnais, ou du sang contaminé, toutes ont impliqué, à des degrés divers, des francs-maçons. Pour comprendre ces faits, il faut, tout d'abord, rappeller ce qu'est la franc-maçonnerie.

Au XIIIè et au XIVè siècles, les corporations d'ouvriers étaient réparties à travers toute l'Europe chrétienne. Le premier atelier de tailleurs de pierre avait été fondé en l'an 1015, à Strasbourg. A cette époque, les corporations d'ouvriers étaient sous l'influence des ordres ecclésiastiques; elles commencèrent à se libérer vers le XIVè siècle. Les ouvriers maçons bâtirent les cathédrales de Cologne, de Strasbourg, de Saint-Denis et bien d'autres. Ils laissaient leurs marques sur la pierre.

Le Regius, d'origine anglaise est également appelé Manuscrit royal. Il renseigne sur l'organisation du métier de maçon sans que le mot "free-mason" soit mentionné. Le terme franc-maçon, apparaît pour la première fois lors d'une rencontre à Ratisbonne en 1459 de toutes les loges compagnonniques du Saint-Empire germanique qui s'unissaient dans une Fédération chargée d'unifier les grades et les rites. L'empereur germain ayant accordé à cette fédération des privilèges spéciaux, des " franchises ", ses membres prirent le nom de Frei-Maurer, c'est-à-dire francs-maçons. De tels faits s'étaient produits bien antérieurement en Angleterre où on parlait, au XIIIè siècle, des free stone masons pour désigner les maçons initiés qui savaient tailler et travailler la pierre.

Quatre loges londoniennes se réunissent en 1717 pour former la Grande Loge de Londres. Les francs-maçons élisent un Grand-Maître : Anthony Sayer en 1717. En 1719, Jean-Théophile Désaguliers, physicien et fils de huguenot français est le nouveau Grand-Maître. Désaguliers et le pasteur James Anderson rédigent ensemble les Constitutions d'Anderson (1723). Ces constitutions forment le manifeste de la franc-maçonnerie spéculative. En ce qui concerne la religion, les constitutions sont révolutionnaires car elles tolèrent toutes les opinions particulières et inventent une nouvelle " croyance " : l'amitié qui s'exprime par la sincérité et la bonté.

Aujourd'hui, le grand public se fiant aux informations diffusées par les médias s'imagine que la franc-maçonnerie est une institution monolithique. La réalité est bien plus complexe. Ainsi quand on entend parler des " affaires de la franc-maçonnerie " ou des " réseaux de la franc-maçonnerie ", on s'imagine que l'institution maçonnique est UNE et indivisible comme la République. Or, il existe deux types de courants maçonniques :

1) La franc-maçonnerie religieuse et ultra-conservatrice, pratiquée majoritairement par les anglo-saxons mais également présente en France. Cette Maçonnerie impose à ses membres plusieurs règles appelées " landmarks ". Ces règles sont les suivantes :
- interdiction d'initier des femmes,
- interdiction de réfléchir en loge sur des sujets d'ordre politique, religieux ou sur la société,
- obligation absolue de croyance en un dieu révélé (en général le dieu des chrétiens).
Six millions d'hommes pratiquent ce type de Maçonnerie de part le monde.

2) Le deuxième courant est adogmatique. Il accepte en son sein les athées, les agnostiques aussi bien que les croyants. Il existe des loges pour les hommes, des loges pour les femmes et des loges mixtes. Tous les choix sont possibles. La franc-maçonnerie adogmatique travaille à " l'amélioration matérielle et morale de l'humanité " au moyen de réflexions qui parfois se transforment en lois (abolition de l'esclavage, droit à l'avortement, planning familial, droit à la contraception...).

Il semblerait que la franc-maçonnerie échappe à la notion de secte. En effet, la Maçonnerie ne propose pas de " doctrine " puisqu'elle prône la liberté absolue de conscience. Les preuves de la diversité philosophique et religieuse au sein des loges sont discernables par la simple lecture de n'importe quel ouvrage de référence. En effet, si on consulte un dictionnaire d'histoire ou une encyclopédie, on s'aperçoit que les loges maçonniques ont accueilli en leur sein des juifs : les ministres Crémieux et Jean Zay, des musulmans : le plus connu étant Abd el-Kader, des positivistes : Littré et Jules Ferry, etc... Mais cela ne suffit pas pour dédouaner entièrement la franc-maçonnerie de tous soupçons. Il faut maintenant chercher à savoir si la franc-maçonnerie est un "groupement clos sur lui-même" . Le principal reproche qui est fait aux francs-maçons consiste à les taxer de "comploteurs". On leur reproche également de ne pas vouloir ouvrir au grand public les portes de leurs loges.

La franc-maçonnerie comme toutes les associations loi 1901 fonctionnent avec des statuts déposés dans les préfectures. Chaque loge est dirigée par un président : le vénérable, élu pour trois ans maximum. Les autres fonctions électives sont les suivantes :

- le trésorier qui enregistre les cotisations des frères.
- L'hospitalier qui gère le tronc de solidarité envers les frères nécessiteux.
- L'orateur qui est le garant de la régularité de chaque décision prise dans la loge en fonction du règlement de l'obédience.
- Le secrétaire qui dresse le compte rendu des réunions, il est également le lien entre la loge et l'obédience pour toutes les informations d'ordre administratif.
- Le premier surveillant qui est chargé d'enseigner le symbolisme aux compagnons et doit également les guider dans leurs exposés.
- Le second surveillant qui doit guider les apprentis dans leur découverte de la franc-maçonnerie et qui les encadre dans leurs recherches.
- Le grand-expert qui doit veiller au respect du rituel.
- Le maître des cérémonies qui accompagne les frères conférenciers dans leurs déplacement, de la colonne vers l'orient.
- Le couvreur qui garde la porte de la loge et veille à ce qu'aucun profane n'entre dans le temple.
- Le maître de la colonne d'harmonie qui choisit et diffuse le programme musical au cours accompagnant le rituel.

Les francs-maçons utilisent un rituel pour le bon fonctionnement de leurs travaux. Le rituel n'est ni plus ni moins qu'une méthode de travail. Il impose le silence aux apprentis. Ce qui leur permet d'apprendre l'humilité et la mesure du langage.

Concernant les scandales politico-financiers, les trois grandes obédiences sont concernées. Que ce soient Roland Dumas, André Guelfi, André Tarallo ou Alfred Sirven dans l'affaire Elf ; Jacques Crozemarie dans l'ARC ; Michel Reyt ou René Trager fournisseurs de cash au PS et au RPR ; Michel Garretta au CNTS ; Pierre Despessailles ou Giancarlo Paretti au Crédit lyonnais ; sans oublier les hommes politiques Maurice Arreckx (UDF-PR), Jean-Michel Boucheron d'Angoulême (PS), Jacques Mellick (PS), Claude Pradille ou Patrick Balkany. Et encore ne citons-nous là qu'une partie des personnalités franc-maçonnes ayant eu maille à partir avec la justice. Cruellement, la situation peut se résumer ainsi : la très grande majorité des francs-maçons, bien sûr, ne sont pas, loin de là, des canailles ; mais on trouve une proportion effarante de frères parmi les escrocs patentés de la délinquance en col blanc. Alors même que le maçon, selon la règle, doit " laisser ses métaux à la porte du temple ", c'est-à-dire l'argent, l'orgueil, l'intérêt..

Il faut rappeller que les francs-maçons ont presque toujours été persécutés par les régimes dictatoriaux. Et que Vichy les a traqués dans l'administration. " Mais la vérité historique oblige à dire que les francs-maçons qui ont été les plus durement frappés étaient en même temps soit juifs, soit résistants, soit communistes ou bien tout à la fois ", dit un vénérable d'une loge du Grand Orient qui rappelle que si Jean Moulin et Pierre Brossolette étaient maçons, René Bousquet ou Maurice Papon l'étaient aussi. Tout comme Salvador Allende et... Augusto Pinochet !

Peut-on comprendre la bataille qui a opposé, à la tête d'EDF, Edmond Alphandéry et son numéro deux Pierre Daurès si on ne sait pas que l'ancien ministre voulait réduire l'influence des francs-maçons au sein de l'entreprise publique, alors que Daurès en était le chef de file ? La bataille s'est conclue par la défaite des deux hommes et la nomination à la présidence d'EDF de François Roussely, négociateur habile et franc-maçon (à la GLNF) convaincu.

Sait-on encore qu'une partie des dérapages dans l'affaire Grégory tenait au fait que les réseaux francs-maçons, au sein de la magistrature et de la presse, faisaient circuler des informations manipulées ? Encore aujourd'hui, la connivence entre certains journalistes judiciaires et certains magistrats ne s'explique que par leur appartenance à la même obédience, voire à la même loge. A l'inverse, on ne peut décoder les conflits de personnes entre le parquet, les juges financiers et les policiers si l'on ne tient pas compte de l'appartenance de tel ou tel à la franc-maçonnerie et de l'hostilité de tel ou tel autre. " Les juges du pôle financier sont ouvertement anti-maçons, affirme un membre " initié " de la brigade financière : nous faisons actuellement l'objet d'une véritable chasse aux sorcières, qui ne risque pas de se calmer avec l'arrivée de Renaud Van Ruymbeke, le tombeur de Robert Boulin et de Michel Reyt. " Quand Eva Joly et Laurence Vichnievsky, les juges vedettes de l'affaire Elf, se disent victimes de pressions, elles ont en tête les services secrets, qui suivent le dossier avec une attention à peine dissimulée, mais aussi certains réseaux policiers, corses et aussi maçons, ceux-ci, du reste se recoupant souvent.

Peut-on écrire l'histoire d'Air France si l'on ne sait l'importance de la maçonnerie au sein de cette compagnie et d'abord à sa tête, de Pierre Giraudet à Christian Blanc ? Comment déchiffrer le jeu truqué des tribunaux de commerce sans parler des arrangements entre juges et administrateurs judiciaires maçons, récemment dénoncés par l'ex-policier Antoine Gaudino et le député Arnaud Montebourg ?

Les francs-maçons eux-mêmes ont d'ailleurs pris la mesure du problème et engagé une opération tabliers propres afin d'en finir avec les combines qui gangrènent leurs obédiences et souillent leur réputation. " Nous avons radié 71 personnes en 1999, et le rythme actuel est de 3 par mois, explique Jean-Pierre Pilorge, porte-parole de la GLNF, qui passe, ajoute-t-il, une heure à lire la presse chaque matin pour voir si l'un de nos membres est mis en cause " (déclaration au " Journal du dimanche ").

Dans les loges, parfois des dizaines d'années avant leur promulgation, on a débattu des lois créant l'impôt sur le revenu, les congés payés, le logement social, la majorité à 18 ans, la légalisation de l'avortement ou l'abrogation de la peine de mort. Le frère Lucien Neuwirth a voué toute son énergie à faire voter la loi sur la contraception qui porte son nom, et qui avait été longuement travaillée dans les loges. Mais aujourd'hui, le débat s'est appauvri : les maçons, à l'image de la société, sont divisés sur les nouveaux problèmes de société, comme le chômage ou l'illettrisme, le communautarisme, la société multiraciale, l'islam, la bioéthique, etc. Le déclin idéologique conduit les obédiences au repli. Au sein du Grand Orient, certains se sont peu à peu enfermés dans un discours laïque intégriste sans prise sur l'époque.

C'est à une véritable révolution culturelle qu'appellent désormais les plus audacieux des francs-maçons. En cause : le recrutement par cooptation, responsable de tant de dérives, grandes ou petites, quand le repli corporatiste ou notabiliaire l'emporte sur le désir d'ouverture. Comme celles de la loge Spartacus, créée en 1984 par le grand maître Roger Leray, dont le vénérable est Gérard Emery, directeur délégué à France Télévision : elle réunit des responsables de l'audiovisuel public et de Canal+, parmi lesquels Jean-Pierre Cottet, ancien directeur des programmes de France 2, ou Alain Moreau, avec qui celui-ci avait créé une maison de production, des ingénieurs de France Télécom, des producteurs et des diffuseurs de programme télé, dans un promiscuité troublante.

Ce genre de relations consanguines est institutionnalisé dans les fraternelles, ces associations qui regroupent les frères d'une même profession, quelle que soit leur obédience. En contradiction totale avec l'idéal maçon, qui est de " rassembler ce qui est épars ", c'est-à-dire de regrouper des hommes de toute origine. Les fraternelles de la police, de la gendarmerie, de la magistrature, des mandataires de justice posent d'autres problèmes, soulevés par le procureur Montgolfier.

Il y a aussi dans certaines villes un " club des 50 " qui réunit 50 hommes d'affaires maçons, et pas un de plus, qui cultivent entre eux leurs intérêts réciproques. On tombe là dans les bas-fonds de la maçonnerie d'affaires. A l'autre extrême, secrète et mythique, il y a la maçonnerie des " grades supérieurs ". Ceux qui y ont accès sont triés sur le volet. Ils se cooptent dans le secret le plus absolu. Particularité : les hauts grades sont libérés de toutes les contraintes, en particulier du rituel. Dans cette hiérarchie de l'ombre, on trouve le gratin de la haute fonction publique ainsi que quelques grands patrons. L'affairisme, dit-on, n'y a pas sa place.

Quelle est l'influence des réseaux maçons sur la vie publique ? Dans l'enseignement, on a beaucoup dit qu'ils avaient joué un rôle déterminant dans l'élimination de Claude Allègre et dans la constitution du cabinet de Jack Lang. " Complètement faux, récuse le recteur Christian Forestier (GO), directeur de cabinet. Je suis le seul maçon du cabinet ! Et je puis vous assurer que la maçonnerie ne joue aucun rôle dans l'Education nationale. " Et dans le recrutement politique ?

De nombreux députés et élus locaux sont maçons - ainsi que beaucoup de préfets : Claude Erignac et... Bernard Bonnet, par exemple. En Touraine, centre de la franc-maçonnerie française, ils le sont presque tous. Alain Rafesthain, le successeur de Michel Sapin à la présidence de la Région du Centre, a d'ailleurs été désigné par les loges.

La filière nucléaire française civile, via le Commissariat à l'Energie atomique et EDF, et plus encore la bombe atomique, en revanche, reste très liée aux maçons. " La bombe française était un vrai projet d'indépendance nationale, affirme un de ceux qui a connu cette épopée : c'était une affaire d'hommes et de conscience. " Tout s'est joué au sein d'une fraternelle, à la direction des affaires militaires du CEA. Dont le président est aujourd'hui Emmanuel Duval. Beaucoup d'industriels de la Défense sont maçons - dont Pierre Faurre, patron de la Sagem, membre de la GL, ou Serge Dassault (GO, actuellement sous le coup d'une mesure de suspension)... Et beaucoup de militaires aussi, à commencer par un des plus hauts gradés, le général cinq étoiles Raymond Germanos (GLNF), inspecteur général des armées. Via la GLNF, des passerelles sont jetées vers l'industrie de défense des Etats-Unis, où l'implantation maçonne est très forte, comme dans tout l'establishment américain.

Bref, plus que jamais, l'influence de la maçonnerie répond à la définition qu'en donnait de Gaulle : " Pas assez importante pour qu'on s'y intéresse ; trop importante pour qu'on s'en désintéresse. " Assez importante en tout cas pour nécessiter une clarification.


Demesmaeker Tony