1972-1995 : Mitterrand et le FN

C'est en octobre 1972 que naquit le Front National

Les dirigeants du groupe d'extrême droite Ordre nouveau pensent trouver en Jean Marie Le Pen le dirigeant idéal pour fédérer les différents groupuscules qui constituent l'extrême droite de cette époque. Jean Marie Le Pen encore inconnu du grand public avait déjà une grande expérience politique: Il avait été le député Algérie française de 1956, fondateur jadis du front national des combattants, et l'organisateur de la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965, alors représentant de l'extrême droite aux élections.

Durant la période de sa création jusqu'à son envolé de 1983-1984, les va et vient se multiplient entre le FN et les nombreux groupuscules d'extrême droite.
A cette époque les résultats du FN sont peu significatifs et passent inaperçus au sein de l'opinion publique et des grandes formations politiques : aux législatives de mars 1978, 156 candidats obtiennent 1.6% des suffrages.

François Mitterrand accède à la présidence en 1981 dans l'euphorie. Mais dès les cantonales de 82 la gauche recule de 7 points au profit de la droite. François Mitterrand s'inquiète, le FN est un danger et la chute de la gauche est inexorable, alors comment faire pour maîtriser et paralyser la droite ? Il s'agit de définir une stratégie au plus vite.

La réponse arrive un jour de 11 septembre 1982, la polémique se déclenche : les questions de " l'immigration " et de " l'insécurité " commencent à être payantes, Jean-Pierre Stirbois une des figures du FN obtient 16.5 % des suffrages à une élection partielle municipale à Dreux. Ce qui amène la droite locale à constituer une liste d'union qui permet au candidat du FN d'être élu au deuxième tour avec 3 autres camarades.
François Mitterrand sachant que cette alliance ne donnerait pas la majorité à la gauche, s'empresse de mettre en place une intense campagne " antifasciste ". Ce qui déclenche bientôt, avec succès, une polémique au niveau national. La gauche accuse la droite de pactiser avec "une émule d'Hitler".

Quand à Jacques Chirac après avoir approuvé l'accord, il le condamnera. Les bases de la stratégie sont posés, le test a été concluant. Cette stratégie fonctionnera jusqu'en 1998... Mitterrand n'aura plus peur de la Droite, le FN va pouvoir lui servir de rempart…

Un événement va faciliter la tâche d'affaiblissement de la droite entreprise par François Mitterrand : un sondage national réalisé par la SOFRES auprès de sympathisants RPR a révélé que 56 % d'entre eux étaient favorables à une alliance avec le FN, alors que seulement 7.2% se déclarent contre.
Jacques Chirac découvre alors que le FN est un ennemi pour sa formation. Il deviendra un de ses ennemis irréductibles.
En 1986, pour limiter une trop grosse défaite électorale lors des législatives de 1986 et conscient qu'il doit diviser la droite pour régner, il s'empresse d'établir le scrutin à la proportionnelle qu'il a ressorti "des cartons" parmi ses " cent dix propositions " de 1981. La manœuvre fonctionne, elle atténue la défaite des socialistes et permet d'ouvrir les portes de l'Assemblée Nationale à 35 députés FN.

Dans le Gouvernement Chirac, l'alliance UDF-RPR, pour se débarrasser du boulet encombrant du FN incité par la gauche, s'empresse de rétablir un mode de scrutin majoritaire, accompagné d'un découpage électoral soigneusement établi par Charles Pasqua. Ce qui enlève tout espoir au FN d'accéder de nouveau à l'Assemblée National.

Mais le FN devient de plus en plus incontrôlable. Utilisant les échecs de la gauche et de la droite au pouvoir, manipulant les causes de la crise de la société française, le FN croît son électorat jusqu'au dernière élection présidentielle.

Il apparaît que la stratégie de Mitterrand, si elle avait pour objectif d'affaiblir la droite, n'avait pas l'idée d'une évolution progressive du FN au rang des partis politiques importants de notre pays. Cela a conduit à la défaite de la gauche en 2002 et à l'impensable " union sacrée " entre la gauche et la droite. On peut donc ainsi considérer que la stratégie mitterrandienne a surtout préserver les acquis du Président pendant 14 ans et non à son parti.

Demesmaeker Tony