Le Conseil Constitutionnel

L'histoire du Palais Royal commence en 1624 quand le cardinal Armand du Plessis de Richelieu désireux d'habiter près du Palais du Louvre (où habitait le Roi) acheta l'hôtel de Rambouillet. Cet hôtel n'était qu'un immeuble ouvrant sur la rue Saint Honoré et bordé par les remparts de l'ancienne enceinte de Charles V .

Le Cardinal, assisté par l'architecte Jacques Lemercier, transforma cet hôtel en Palais, lui donna le nom de Palais Cardinal, puis le légua au Roi en 1636. La galerie des Proues de l'aile de Valois demeure le seul vestige du Palais Cardinal.

A la mort de Richelieu en 1642 le Palais Cardinal fut successivement habité par :

Anne d'Autriche de 1643 à la mort de Louis XIII avec ses fils, Louis XIV et Philippe d'Orléans jusqu'à 1652 ;
Henriette-Marie, veuve de Charles 1er d'Angleterre, et sa fille Henriette qui épousera en 1661 Charles d'Orléans, frère de Louis XIV, appelé "Monsieur".
Molière (1660), puis Lulli, se voient concéder la salle de théâtre.

Le Palais Cardinal prend l'appellation de Palais Royal en 1672 ;

Il faudra attendre la Restauration, en 1815, pour que le Duc d'Orléans (qui allait devenir Louis Philippe) donne au Palais Royal son aspect actuel, conçu par l'architecte Fontaine, avec la cour d'honneur, la galerie d'Orléans et l'aile Montpensier où est installé le Conseil constitutionnel.

D'autres institutions y ont eu leur siège (la Cour de Cassation en 1874 et le Conseil économique et social en 1946).

Dans le jardin s'est perpétuée une tradition de deux siècles : depuis 1786, le canon tonnait le jeudi à midi. Les Parisiens avaient l'habitude de venir y régler leur montre. Le canon a malheureusement été volé en 1999.

Le Grand Salon (« salon rouge ») : A la suite de l'incendie du 24 février 1848, la décoration intérieure est choisie par la princesse Marie Clotilde de Savoie, épouse du prince Jérôme Napoléon. Le grand salon est la salle de réception du Conseil qui, par exemple, y proclame les résultats de l'élection présidentielle ou y organise colloques et rencontres. On peut remarquer l'aigle impérial et le médaillon sculpté représentant Napoléon III et l'impératrice Eugénie de Montijo. Les tapisseries de Beauvais (XVIIIème siècle) représentent des amusements à la campagne d'après des cartons de François Casanova (le frère du grand séducteur lettré). On y voit aussi un exemplaire du bureau de campagne en acajou blanc offert par Napoléon Ier à ses Maréchaux. Il servait à lire les cartes d'état-major. Les canapés et fauteuils proviennent du salon du directeur Lebrun qui était un des trois consuls sous Napoléon.

Le Petit Salon (« salon vert ») : Il est utilisé lors des conférences de presse et des visites de délégations étrangères. Les pendules et candélabres sont d'époque Directoire. Le buste en marbre, de l'époque d'Hadrien, est une acquisition du Louvre de 1823. On remarque aussi deux biscuits de Sèvres : Montesquieu par Clodion (1784) et le Chancelier d'Aguesseau par Berruer (1783). Les peintures sont de Corot et de Leprince.

La Salle des Séances : La décoration de peintures bleu pastel est d'époque et très féminine. Nous sommes dans le salon de travail de la Princesse Clotilde de Savoie. C'est ici que les membres prennent leurs décisions (à huis clos). Les membres sont placés selon leur ancienneté au Conseil constitutionnel et le rang protocolaire de l'autorité qui les a nommés. Le Président siège au centre du « fer à cheval ». Le secrétaire général et les trois membres du service juridique sont assis derrière les membres, de manière à prendre le procès-verbal de la séance et à répondre à toute question technique.

Le Salon d'angle (« bureau du Président ») : Depuis Robert Badinter, le vaste salon d'angle est devenu le bureau du Président. C'est l'ancienne chambre à coucher de Clotilde de Savoie et l'ancien salon des membres. Le mobilier de couleur or remonte au Consulat et provient du Grand Trianon de Versailles. Remarquez le magnifique bureau à cylindre d'époque empire en acajou avec des motifs en bronze doré.

Le bureau du Président est exposé Nord et Est. Il jouit d'une remarquable lumière et d'une superbe vue sur les jardins du Palais Royal. Jusqu'à l'installation du président du Conseil constitutionnel dans ce salon d'angle, celui-ci servait de bibliothèque au Conseil et le « salon vert » (« petit salon ») était le bureau du président. Pour des raisons fonctionnelles, la bibliothèque du Conseil est au troisième étage, où se situent aussi les bureaux des membres. A noter que le Conseil n'a récupéré les étages supérieurs (3ème et 4ème) qu'à une époque relativement récente (1975).

L'oratoire : Il a été construit à la demande de la princesse Clotilde de Savoie. La vierge à l'enfant est une copie du 13ème siècle. Cet oratoire a été restauré en 1980. Une bible a été posée sur une étagère il y a quelques années.

La salle à manger : C'est la seule salle donnant sur la rue Montpensier et la Comédie Française. Les quatre doubles portes donnent directement accès à la Comédie Française. Les membres y accueillent leurs hôtes de marque, généralement leurs homologues étrangers. Sur la table Louis Philippe en acajou verni, on remarquera une soupière en porcelaine de Sèvres aux couleurs de la vaisselle du Conseil constitutionnel. Le plafond à caissons en bois peint est d'origine et il est unique dans l'ensemble du Palais Royal. Le parquet, en assemblage de marquetterie dit « point de Hongrie », est également d'origine. Il est composé de quatre bois dont deux d'essence exotique, acajou et macassar. Il a notamment été épargné lors de l'incendie de 1871. C'est l'un des éléments les plus intéressants de la visite.

Le grand Escalier d'Honneur : Il date de 1830. C'est l'oeuvre (comme toute l'aile Montpensier) de l'architecte Fontaine. Il s'agit d'un escalier tournant à deux volées droites (que l'on pourra comparer avec celui du Conseil d'Etat). Sur le palier en haut de l'escalier, on remarque une statue de Junon diadémée en marbre de Paros. Sur le palier intermédiaire on découvre un buste de Rome Casquée, également en marbre de Paros. Sur le casque est représentée la louve allaitant Romulus et Rémus. Une partie des fenêtres à miroir donne sur la rue Montpensier. Les autres sont de fausses-fenêtres. Le lustre est moderne. C'est une création de Claude Lalanne, installé à la demande du Président Badinter.

En sortant on remarque, au-dessus de la porte d'entrée, le Sphinx sculpté en 1972 par l'artiste Fenosa. Contrairement à une rumeur tenace, le symbole du Conseil n'est pas cette créature énigmatique, mais la solide et très charnelle République de Joseph Chinard (1794) dont la reproduction apparaît à plusieurs endroits du bâtiment.

Source : www.conseil-constitutionnel.fr