L'implication de la France dans le génocide au Rwanda

Le chaos rwandais se déclencha lorsque, le 21 avril 1994, le conseil de sécurité des Nations Unies interdit aux casques bleus de l'ONU présents au Rwanda d'assurer la protection militaire des Tutsis menacés. Le Monde devint alors spectateur du génocide.

Dans le contexte de l'assassinat des présidents du Rwanda et du Burundi le 6 avril 1994, assassinats sur lesquels la lumière n'a toujours pas été faite, l'Occident pense toujours que le génocide a été planifié par des extrémistes hutus. Les principaux bailleurs de fonds du Gouvernement vainqueur - à savoir les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l'Union européenne - ont totalement renoncé à faire la lumière sur cette affaire. C'est l'attentat qui a déclenché le génocide de la population tutsie restée dans le pays après 1959. Probablement plus d'un demi million de tutsis ont été assassinés en l'espace de trois mois et demi seulement.

Le général canadien Roméo Dallaire, chef des équipes des Casques bleus de l'ONU savait que de nombreuses vies auraient pu etre sauvées s'il avait reçu les ordres adéquats. A la place, le nombre de Casques bleus a été réduit à 270 hommes.

Il est impossible d'établir avec certitude qui porte la responsabilité de l'attentat du 6 avril 1994, tant qu'une enquête sérieuse sur cet attentat est freinée par les Etats-Unis, par la Grande Bretagne, par la Belgique et curieusement également par la France ( malgré la mort de ses trois membres d'équipage ), ainsi que par l'ONU. Le choix évident du monde anglo-saxon et de la Belgique en faveur d'une victoire politique du FPR à partir de l'automne 1993, le net recul de la France par rapport à sa vision de départ, visant à protéger les Etats ayant engagé un processus de démocratisation en Afrique, a conduit au génocide.

Dés le 18 Juillet 1994, le régime mis en place par Paul Kagamé était reconnu par toutes les puissances occidentales - à l'exception de la France. Le Président Mitterrand considérait qu'il avait été dupé par la marche victorieuse du FPR et par la rupture effective des accords conclu avec le Gouvernement de Bush sénior sur le probleme rwandais.

Des articles de presse ont affirme que la strategie de Paris dans l'affaire rwandaise avait ete tres influencee par les relations personnelles du president Mitterrand avec l'entourage du president rwandais Juvenal Habyarimana, tué dans l'attentat déclencheur du génocide. Le role de la cellule africaine de l'Elysee, dirigee un temps par l'un des fils du president Mitterrand, Jean-Christophe, avait ete frequemment mentionne au cours du drame rwandais.

La politique africaine de la France releve traditionnellement du domaine dit "reserve" du chef de l'Etat. Mais a l'epoque le president Mitterrand cohabitait avec un gouvernement de droite dirige par Edouard Balladur. Il ressort des auditions sur l'affaire rwandaise, que les decisions concernant la gestion de cette crise ont ete prises d'un commun accord entre le chef de l'Etat et le gouvernement.

Le Figaro avait accuse la France d'avoir viole l'embargo sur les livraisons d'armes au Rwanda decide par les Nations unies et affirmait que les livraisons d'armes francaises au gouvernement de Kigali s'etaient poursuivies au moins jusqu'au 30 mai 1994, soit quasiment un mois apres le debut du genocide.

Après la victoire du FPR, le gouvernement allemand qui faisait partie des amis les plus fidèles à Mitterrand, a rejoint immédiatement le cercle de ceux qui s'investissent particulièrement dans le soutien de Kagamé. D'autres groupes de l'opinion publique et des partis politiques allemands accusèrent la France de porter la principale responsabilité du génocide tutsis.

Au dernier jour des auditions, M. Herman Cohen ancien responsable de la politique africaine de Washington sous le president George Bush a, pourtant délivré un satisfecit à la France pour avoir été le seul pays à intervenir pour sauver des vies humaines pendant le genocide rwandais, avec l'opération Turquoise. La tragedie rwandaise dans laquelle la France a ete mise en cause et l'eviction du president zairois Mobutu Sese Seko par une rebellion soutenue par le pouvoir tutsi rwandais avaient serieusement altere l'image de la France en Afrique et entraina une revision de sa politique sur le continent noir.

Avec la fin du communisme, l'imperialisme occidental est entré dans une nouvelle phase de neo-colonialisme en Afrique, celle de l'exploitation massive des ressources africaines en vue de repondre aux besoins crees par l'ouverture de nouveaux marches. La mise en place d'une police transcontinentale repond donc aux exigences de garantir l'acces aux resources minieres, d'imposer la volonte politique et economique de l'occident.

Depuis 1994, le génocide a divisé les Rwandais en deux camps, les Hutus et les Tutsis, les génocidaires et les autres. Il n'y a rien entre les deux.

Après avoir, traversé un génocide de la population tutsie, accompagné de graves violations des droits de l'homme commises par l'armée rebelle victorieuse soutenue par l'Occident, le pays a assisté, en 1996, à l'expulsion de réfugiés hutus hors des camps érigés dans l'est du Congo.

Au tournant des années 2002/2003, le pays était encore dominé par un gouvernement provisoire formé par les vainqueurs militaires de 1994, unis au sein du Front Patriotique Rwandais ( FPR ). Les autres partis politiques sont sous curatelle.

Demesmaeker Tony